Posted by : Jade Dec 17, 2013

C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la guerre... Et la guerre peut-être un enfer, mais pour Monza Murcatto, Serpent de Talins, mercenaire célèbre et redoutée que ses victoires ont rendue très populaire, c'est aussi une bonne manière de se faire de l'argent. Toutefois cette notoriété n’est pas du goût de tous ses employeurs, notamment du Grand-Duc Orso qui entend balayer tous les obstacles dans sa lutte pour accéder au trône. Pour prix de ses services, Monza se voit trahie, jetée du haut d'une montagne et laissée pour morte… ou presque. Bien que son corps soit brisé, son esprit réclame vengeance. Quoi qu’il lui en coûte, sept hommes devront mourir ! Elle aura à ses côtés des alliés hors du commun : un ivrogne charismatique, un empoisonneur fourbe, un meurtrier obsédé par les nombres et un barbare désabusé. Leurs ennemis : plus de la moitié du peuple. Avec, à sa tête, les sept hommes qu’elle s’est jurée de tuer. C'est le printemps en Styrie. Et avec le printemps, vient la vengeance...


En relisant le résumé de l’éditeur, je me rends compte qu’il manque un point essentiel : si Monza jure de se venger, ce n’est pas tant pour elle, mais aussi pour son frère, assassiné le même jour qu’elle. Son frère, Benna, qui lui sauve d’ailleurs la vie, à sa façon : jeté avant elle du haut de la montagne ou trône le duc Orso, son corps permet d’amortir sa propre chute et de lui éviter la mort. C’est le premier chapitre, “Benna Murcatto sauve une vie”, et il donne bien le ton du bouquin. Parce que ici, on n’est pas chez Tolkien (j’aime beaucoup Tolkien), où tout est propret, où quasiment tous les gentils sont loyaux.
Pour accomplir sa vengeance, Monza va s’entourer de plusieurs personnages hauts en couleurs. Shivers d’abord, un ancien mercenaire qui est arrivé dans le sud dans l’espoir de devenir un homme meilleur. Cordial, un ancien bagnard que j’ai particulièrement apprécié, un type un peu taré, incapable de comprendre autre chose que les chiffres. Suivez un défilé avec lui et il comptera les gens qui passent, le nombre de pierres au collier de la reine, sans prendre garde aux personnes qui défilent. Morveer, un empoisonneur doué et trouillard en puissance, et son assistante Day, qui passe son temps à manger. D’autres plus loin, mais ce serait spoiler l’histoire. Et puis il y a Monza, une femme avide de vengeance, une femme violente, avec juste ce qu’il faut de conscience mais pas trop, avec son corps brisé et son addiction au brou, seul remède qui lui fasse oublier la douleur permanente de son corps. Des personnages disparates, tous hyper développés, qui vont porter l’intrigue.
On pourrait reprocher à l’intrigue en question d’être un tout petit peu trop linéaire. On est dans un schéma bien défini : une partie, une ville, une vengeance. Sur la fin, le schéma est heureusement un peu brisé par les évènements. L’évolution des personnages (je pense notamment à Shivers) pimente aussi l’histoire.
Le bouquin est violent. Les personnages jurent, crachent, et tapent dans le tas ; on a des membres qui volent à chaque page, des odeurs de chair brulée. Pourtant, rien de bien traumatisant : c’es tellement exagéré et tellement redondant que ça en devient normal. De plus, je trouve que le livre ne se voile pas la face (encore une fois, on peut faire une comparaison avec les charges héroïques du Seigneur des Anneaux) : la guerre, c’est sale. On a droit d’ailleurs à pas mal de réflexions sur la guerre et le monde, avec lesquelles on sera plus ou moins d’accord selon le personnage qui les énoncent.

“Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient” est le cri de ralliement des esprits obtus. Quand les hommes disent que les choses étaient mieux, ils veulent invariablement dire qu’elles étaient mieux à leurs yeux, parce que dans leur jeunesse, leurs espoirs étaient encore intacts. Le monde semble forcément plus sombre quand on s’approche de la tombe.

L'univers, quant à lui, a eut droit à un développement exceptionnel. On est dans ce genre de bouquins où on nous parle de choses (telle ville, telle divinité, tel héros) sans nous les expliquer. J’ai une affection pour ce genre d’arrière-plan : les choses sont là, elles existent, c’est crédible, c’est réel. Pour ce que j’en sais, tous les bouquins de l’auteur (une trilogie et un autre roman en français pour l’instant) se déroulent dans le même univers.
Quelques rebondissements et révélations ponctuent les dernières parties. Peut-être même qu’on a des nouvelles des personnages dans d’autres livres de l’auteur. Si tout va bien, je devrais pouvoir répondre à ça dans quelques temps.

Un livre sombre et violent mais porté par des personnages exceptionnels et un monde haut en couleur : une petite perle.

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  1. Je n'ai pas encore fini, je commence le dernier tiers, mais pour le moment j'aime beaucoup. C'est vrai que c'est violent, autant physiquement que verbalement, ils s'insultent, se tapent dessus, mais ça sonne très vrai, quand un personnage meurt sa pisse le sang, ça gicle, ce n'est pas juste une flaque sur le sol... c'est assez loin des récits gentillets où y'a des morts mais pas trop et où ce n'est pas trop sale.

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